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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/144

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Ainsi, pour ne citer que les Oureggas, connais-tu leur manière de traiter leurs prisonniers de guerre ?

— Non.

— Eh bien ! écoute cela. Ils débutent par quelques aménités telles que l’arrachage des ongles, la section du nez et des oreilles, et le scalp à la manière indienne ; après quoi ils découpent sur le corps du patient de longues lanières de peau, et frottent de sel les plaies ainsi obtenues. Le condamné est alors prêt pour la dernière épreuve ; on l’introduit dans une chaudière d’airain où il a de l’eau jusqu’au cou. Il est, bien entendu, ficelé comme un poulet et dans l’impossibilité de faire un mouvement. Un bourreau expert en l’art de faire traîner les souffrances allume sous cette chaudière un feu qui, peu à peu et très lentement, amène l’eau à l’état d’ébullition ; le patient cuit à petit feu : eh bien, il parait que rien n’est comparable à cette torture, et il y en a d’autres !

— Tout cela est épouvantable, dit Melval, et il n’est pas possible que Dieu, en créant les hommes, ait prévu pareilles horreurs… Et tu ne feras rien, toi, Omar, pour les empêcher, toi qui as vécu de notre vie !

— Non, je ne ferai rien ; votre heure est proche et il faut que les événements s’accomplissent.

— Voyons, Omar, dit de Melval dont le regard brillait d’une muette supplication, tu m’as dit qu’il y avait dans cette flotte deux vaisseaux français ?

— Oui, et je suis même satisfait qu’il n’y en ait pas davantage ; mais ne poursuis pas, car je te devine, tu vas me demander quelque chose d’irréalisable.

— Omar !

— Tu voudrais qu’ils soient épargnés, n’est-ce pas ; c’est-à-dire prévenus. Tu sais bien que c’est impossible, absolument impossible ; ce serait prévenir les autres, faire tout échouer. Non, n’y songe plus !…

— Omar, au nom des souvenirs d’autrefois ! tu admirais notre marine, nos officiers t’étaient sympathiques, rappelle-toi !

— Le passé ne reste le passé pour moi, qu’en ce qui touche à mes souvenirs personnels ; tu sais ce que je veux dire… Pour le reste, je ne suis qu’un instrument dans la