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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/184

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Or, il n’y avait pas dans toute l’armée noire un seul fusil au calibre de cinq millimètres.

D’ailleurs, quel autre que l’interprète avait intérêt à commettre ce meurtre ?

Alima avait été frappée en sortant de la tente de Nedjma, avait dit le noir : de Melval n’avait pas eu besoin de longues réflexions pour deviner que le misérable s’était, dans l’obscurité, trompé de victime.

Mata n’avait pas voulu croire tout d’abord ; Saladin lui inspirait à la fois une religieuse admiration et une mystérieuse terreur mais il se rappela l’avoir vu à Khartoum rôdant près des tentes, à l’aube, une carabine à la main.

Et ce souvenir lui ouvrant les yeux, il s’élança.

Il n’eut pas le temps d’atteindre la balustrade Saladin, d’un coup de hache, trancha la corde de l’ancre, et l’aérostat fit un bond dans les airs.

Lourdement, le nègre retomba à terre, meurtri, hurlant, montrant le poing au monstre qui s’enfuyait. Mais si Saladin eût pu voir dans l’avenir quelle vengeance atroce et raffinée tirerait plus tard de lui le désespéré qu’il venait de faire, il eût renoncé à ses rêves de grandeur et s’en fût retourné en Europe pour y jouir, loin de Mata, des millions de Bir-Gharama.