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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/206

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jarre de grès, et de Melval n’eut besoin que d’un coup d’œil pour reconnaître dans cette trouvaille l’une des nombreuses torpilles fabriquées par Zérouk et fermées hermétiquement à leur partie supérieure.

Beaucoup d’entre elles n’avaient pas éclaté et, abandonnées maintenant au gré des vents et des vagues, revenaient se promener comme celle-là à la surface de la mer Rouge.

— Une torpille ! fit-il… si on pouvait…

— Ah ! mon capitaine, oui, si on pouvait…

La même pensée leur était venue à tous deux.

Mais un cri venait de retentir et Nedjma épuisée, eut un frémissement en reconnaissant la voix de Zérouk.

Aucun doute n’était possible, ils étaient découverts et le bruit de deux avirons battant l’eau leur prouva que la barque revenait à leur poursuite.

— Ils nous ont vus, dit le capitaine ; c’est fini… mais s’ils se figurent qu’ils nous auront vivants !

Il reprit son revolver qu’il avait repassé à sa ceinture ; grâce à lui, il était maître de la vie de Nedjma et de la sienne.

Soudain, une idée le traversa.

Grâce à cette arme aussi, il pouvait faire détoner la torpille ; assez souvent il avait entendu citer cette particularité de l’explosif du renégat, et la tentative insensée de Zahner la lui rappelait d’une façon saisissante.

Pourquoi n’attendrait-il pas la barque et ne ferait-il pas détoner sous ses flancs la mine qu’Hilarion venait de découvrir si à propos ?

Évidemment ils se trouveraient tous trois dans le rayon de l’explosion et aucun d’eux n’en reviendrait, mais l’ennemi féroce qui les poursuivait s’abîmerait avec eux dans cette mer profonde.

Toutes ces pensées se précipitaient dans la tête de l’officier comme une pluie d’étoiles filantes.

La barque n’était plus qu’à cinquante mètres, et les cris de Zérouk excitant les rameurs se rapprochaient de plus en plus.

Soudain de Melval poussa un cri étouffé, un lambeau de la conversation qu’il avait eue avec Omar, au sujet de la