Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brèche à l’aide de quartiers de roc, à défaut des sacs à terre qui n’existaient pas.

Heureusement, cette faible garnison s’était trouvée renforcée bien opportunément par plus de deux cents naufragés, victimes du désastre de la nuit précédente.

Ceux-là étaient les heureux qui avaient pu gagner l’île à la nage, et sir James Collington les avait tous armés : marins anglais, allemands, italiens et français se coudoyaient dans les tenues les plus variées, cherchant à se rendre utiles à la défense d’une place qui, au milieu de cette inondation barbare, constituait leur dernier refuge.

Les officiers naufragés étaient peu nombreux : une vingtaine tout au plus, parmi lesquels de Melval remarqua, en entrant chez le commandant avec Nedjma, un lieutenant de vaisseau français dont la physionomie ne lui était pas inconnue.

Son cœur battit violemment à la vue de ce compatriote, le premier qu’il revoyait après un an de solitude au milieu de l’Invasion noire ; il s’arrêta et voulut lui parler. Mais les deux soldats anglais qui conduisaient l’officier et sa compagne les poussèrent assez brusquement dans la casemate du commandant supérieur, et de Melval dut se borner à lui dire en passant :

— Bonjour, mon cher camarade !

Et grand avait été l’ébahissement de l’officier de marine en entendant cette appellation, si connue dans les armées de terre et de me, sortir de la bouche de ce passant qui portait une chéchia rouge et des bottes arabes avec un grand manteau de soldat anglais.

L’interrogatoire de de Melval ne pouvait donner lieu à une méprise prolongée ; le colonel Collington entendait et parlait assez bien le français, de sorte que l’officier n’eut aucune peine à faire la preuve de sa nationalité.

Son odyssée qu’il raconta brièvement, les documents probants qu’il produisit grâce à certains papiers renfermés dans son portefeuille et heureusement sauvés du naufrage, déridèrent rapidement la martiale figure du colonel qui, se levant, lui tendit la main.

Puis, le commandant de Périm se tourna vers la jeune Mauresque qui attendait silencieuse dans un angle de la