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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/218

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qui le mouvement de surprise de l’officier n’avait pas échappé.

— J’en avais entendu parler, répondit l’officier, mais comme d’un projet chimérique et irréalisable dans la pratique.

— Il est pourtant d’un de vos ingénieurs électriciens, reprit le gouverneur de Périm ; et en Angleterre il n’y a plus de station téléphonographique importante qui ne soit munie de son miroir télescopique.

— Merveilleux ! déclara l’officier ; car on pourra se donner un coup de chapeau avant de commencer une causette ; mais dites-moi, mon colonel, votre gouverneur a l’air bien absorbé là-dedans… ou plutôt le voilà qui se démène avec un autre personnage en uniforme rouge : ah ! par exemple, ça c’est curieux !

Très curieux en effet : car dans le miroir on voyait très distinctement réduits à l’échelle du sixième environ, deux personnages, dont l’un le gouverneur, en petite tenue d’officier de marine, faisait force gestes.

Puis il sembla avoir pris une décision, se pencha pendant que son interlocuteur disparaissait, et le cylindre se remit à tourner.

— Je puis disposer encore, reprit la voix, de deux chalands et de deux remorqueurs ; j’espère qu’ils pourront tromper la surveillance des vaisseaux turcs grâce à l’obscurité ; ils arriveront à Aden vers dix heures du soir, et vous commencerez aussitôt l’évacuation… il faut absolument tenir jusque-là.

— Je tiendrai, répondit simplement le colonel.

— Eh bien ! mon brave capitaine, fit-il, quand la conversation fut terminée, après toutes vos aventures vous avez joué de bonheur en tombant ici ; inutile de vous dire que je vous offre une place sur nos chalands, à vous et à votre charmante compagne ; dans un mois vous pouvez être à Paris, car l’évacuation d’Aden, si elle s’impose, ne souffrira aucune difficulté.

De Melval s’inclina et ne répondit rien.

Une douleur aiguë venait de lui traverser le cœur.

Et sa parole ?

Il n’avait pas hésité à la violer la veille lorsqu’il était