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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/222

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l’emploie ne le connaît pas plus que moi ; mais ce que je sais c’est qu’il est Anglais, qu’il a été condamné à mort dans votre pays pour meurtre, et qu’il a mis au service de la révolte musulmane ses connaissances extraordinaires en chimie anarchiste.

— Il est de nationalité anglaise, reprit sir James en scandant ses mots ; vous êtes sûr de cela ?

— Aussi sûr qu’on peut l’être d’après son propre aveu.

Et de Melval entrant dans tous les détails qu’il connaissait au sujet du renégat, compléta le récit qu’il avait commencé de sa captivité et de son séjour au camp du Sultan. Il parla de la fabrication de l’explosif, du transport des outres, et de leur immersion nocturne autour des vaisseaux.

Sir James l’avait écouté avec une attention croissante, les yeux fixes derrière les verres de son lorgnon.

— Il est Anglais et sur territoire anglais, répéta-t-il encore… rien ne prouve sa qualité de condamné… inutile d’ailleurs, poursuivit-il se parlant à lui-même, de retenir le fait pour lequel il a déjà passé en justice… mais, c’est un Anglais, il faut faire les choses en règle, je vais réunir le conseil.

Il appuya sur un timbre, un sous-officier entra.

Vous allez, dit-il, accompagner cet homme, et il montrait Hilarion : il vous désignera dans une casemate voisine l’un des naufragés de cette nuit, mais sans se laisser voir de lui, vous entendez, dit-il au tirailleur.

— « Sufficit », répondit Hilarion à qui la fréquentation d’un sapeur, ancien professeur de séminaire, avait donné quelques teintes de latin.

— Vous garderez à vue ce naufragé, reprit le colonel, sans qu’il puisse remarquer l’attention dont il est l’objet, jusqu’à sa comparution devant le conseil. Voici l’ordre de comparution, allez.

Le sous-officier salua, les yeux fixes, le menton haut, la poitrine bombée, et sortit d’un pas d’automate.

— Quant à vous, mon brave, dit le colonel à Hilarion qui se disposait à le suivre, on va vous vêtir autrement que cela, seulement je crains bien que vous ne sortiez de mes magasins déguisé en soldat anglais.