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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/226

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— Si, il y a deux ans, j’appartenais alors à l’escadre de la Méditerranée.

— N’avez-vous pas assisté cette année-là au bal du Général gouverneur ?

— Je le crois bien, les bals donnés au Palais d’Été de Mustapha sont toujours des plus brillants, et je n’aurais eu garde d’y manquer.

— Eh bien, c’est là que j’ai dû vous rencontrer, car votre physionomie ne m’est pas inconnue, et nous avons dû être présentés l’un à l’autre.

— C’est bien possible, dit le lieutenant de vaisseau, mais j’ai la mémoire au diable depuis l’histoire de cette nuit, et je n’ai pas les souvenirs aussi frais que les vôtres.

Alors les questions se pressèrent sur leurs lèvres.

Et d’abord comment l’officier de marine avait-il pu survivre au désastre ?

Mais un coup de canon, tiré près d’eux par une pièce de cent onze tonnes, ébranla la casemate et les assourdit complètement.

Les deux officiers regardèrent un instant les artilleurs anglais manœuvrant comme à la parade.

— Ne restons pas ici, dit le lieutenant de vaisseau, il nous serait impossible de nous entendre.

Ils cherchèrent et trouvèrent une casemate de troupe vide et encore intacte.

Alors brièvement Pol Kardec raconta ses impressions de la nuit.

C’était vrai, on ne se gardait plus à bord ; autant on prenait de minutieuses précautions pour opérer des débarquements, faire des reconnaissances dans les baies et les îles, autant on se croyait en sûreté à bord des vaisseaux.

Qui pouvait supposer entre les mains de ces sauvages une matière produisant des effets aussi foudroyants que les picrates les plus actifs ?

Tout au plus avait-on recommandé aux hommes de vigie de surveiller pendant la nuit les petites embarcations qui viendraient roder dans les eaux des navires, et des canots à vapeur étaient toujours prêts à leur donner la chasse.