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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/225

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exclusivement de puissants croiseurs à grande vitesse.

Ces navires, n’étant plus alourdis par le poids fantastique d’une cuirasse d’acier de 0m, 50 d’épaisseur, remplacée par une ceinture de nickel-aluminium de poids cinq fois moins grand, atteignaient des vitesses de 30 et 32 nœuds. Leur artillerie, ne pouvant plus comporter les pièces monstres d’autrefois dont chaque décharge ébranlait toute la coque, consistait soit en tubes lançant à l’aide de l’air comprimé, sans bruit et sans recul, de véritables mines d’explosifs à une distance de 4 kilomètres, soit en obus-fusées dont le principe, exposé jadis par Turpin, avait enfin trouvé une application pratique, et offrait l’avantage énorme de supprimer la pièce.

Ces derniers engins, moins précis que les précédents, mais d’une portée cinq fois supérieure, puisque leur vitesse initiale allait croissant, servaient au bombardement des villes et des ouvrages fortifiés. Les autres étaient réservés pour les combats navals, et lorsqu’un de leurs projectiles s’abattait sur le pont d’un bâtiment, il l’entr’ouvrait sans rémission.

La marine française avait suivi peu à peu l’exemple de l’Angleterre, et c’est pourquoi le lieutenant de vaisseau regardait avec une certaine curiosité ces grosses pièces assez démodées, mais dont la puissance était encore largement suffisante pour riposter aux canons Krupp de même époque qui armaient en partie les cuirassés turcs.

De Melval l’aborda par la phrase qui l’avait déjà surpris tout à l’heure ;

— Bonjour, mon cher camarade

Et la connaissance fut vite faite.

Deux Français, qui se retrouvent à l’étranger, sont presque parents ; dans les circonstances où ils se rencontraient, deux officiers français étaient deux frères, et chaleureusement ils se serrèrent la main.

— Pol Kardec, avait dit l’officier de marine en se nommant, capitaine du pavillon du commandant de la 1re division de l’escadre du Levant à bord du Surcouf.

— N’êtes-vous jamais allé à Alger ? demanda de Melval, qui regardait l’officier de marine avec attention en essayant de rassembler ses souvenirs.