Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Offrir ses services au Sultan.

— Un traître alors ! mais c’est incompréhensible !

— À moins que Saladin qui, pour jouer ce rôle, est le dernier des misérables, n’ait supprimé l’équipage.

— On ne supprime pas un équipage de huit hommes.

— On l’abandonne…

— Pour manœuvrer seul une pareille machine ?

— C’est chose possible puisque je l’ai vu seul avec deux indigènes pour tout équipage.

— Ainsi, ce ballon est passé à l’ennemi ? demanda le lieutenant de vaisseau.

— Oui.

— Et quel rôle y joue-t-il ? y

— Je l’ignore, il est reparti le lendemain dans la direction de l’Est, et depuis n’a fait que de rares et courtes apparitions la dernière n’est pas vieille, par exemple, elle est d’hier.

— Hier, dites-vous ? mais s’il venait de l’Est, il a dû passer au-dessus de nos bâtiments, nous l’aurions vu.

— C’était à la nuit tombante et, par précaution, il a dû passer à une très grande hauteur au-dessus du détroit.

— Tout cela est bien étrange.

Mille réflexions assaillaient maintenant de Melval.

Il lui semblait qu’il était environné d’un voile épais où était la vérité ?

Ce qui lui paraissait maintenant d’une évidence absolue, c’est que Saladin n’était pas le possesseur de l’aérostat comme il s’en était vanté, mais qu’il s’en était emparé d’une manière quelconque.

C’était un pirate de l’air, et s’étant mis de lui-même au ban des nations civilisées, il venait se réfugier dans l’armée barbare pour y être à l’abri du châtiment prévu.

Mais ce qui, chez de Melval, protestait plus haut que tout le reste, c’était la pensée que Christiane eût pu donner son amour à un pareil monstre.

— Elle m’approuve et elle m’attend, avait dit ce dernier.

C’était impossible : le misérable avait menti sur ce point comme sur les autres.

Le jeune officier la connaissait bien.