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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/261

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de préceptes, commentant, expliquant et complétant le texte sacré du Livre.

Aussi, profonde avait été l’impression de tous les musulmans d’Afrique en débarquant sur la cote d’Asie. Beaucoup d’entre eux s’étaient agenouillés et avaient pieusement baisé le sol.

Mais nul n’avait été plus impressionné que le Sultan, Abd-ul-M’hamed lui-même : c’est qu’il se considérait maintenant comme le chef suprême de la religion musulmane, de cette religion qui comptait deux cents millions de prosélytes à la fin du siècle précédent et qui, à cette heure où les masses fétichistes avaient embrassé l’Islam, régnait sur plus de trois cent vingt millions d’âmes, c’est-à-dire sur le cinquième de la population du globe.

Jadis, comme sultan de Constantinople, il avait été le Maître de ce pays, berceau du mahométanisme ou, du moins, il avait possédé la souveraineté sur les parties qui restaient aux Turcs de l’ancienne Arabie : l’Yémen, l’Assir, l’Hedjaz, Is pays de Madian, bordant la mer Rouge et le territoire d’El-Hasa sur le golfe Persique.

L’Arabie intérieure était toujours restée indépendante de la Turquie.

Le Nedjed, noyau intérieur de la péninsule, et l’Hadramout avaient conservé leur autonomie vis-à-vis de Constantinople et du Caire, et le Sultan de Mascate avait abandonné aux Anglais le protectorat du territoire Omanite, envahi d’ailleurs de plus en plus par l’émigration hindoue.

Maintenant Abd-ul-M’hamed était sur cette terre beaucoup plus puissant qu’il ne l’avait jamais été à l’époque la mieux assise de son règne ; car, oubliant toutes leurs divisions, les populations de la péninsule accouraient à lui comme le fer à l’aimant.

Depuis deux ans, d’ailleurs, l’action incessante du khalife de La Mecque, Si-Ebnou-ben-Aoun, s’était exercée en faveur du nouveau Prophète dont il annonçait la venue.

C’était le petit-fils de ce Mohamed-Ebnou-Aoun, si renommé pour ses vertus et sa haute intelligence qui, en 1842, recevant à Taïf, sa résidence fortifiée, l’interprète français, Léon Roche, qui lui était envoyé par le maréchal Bugeaud, s’écriait :