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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/276

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Ce n’était plus le ramassis de tentes des nationalités groupées au hasard dans la clairière d’Atougha.

Omar avait établi un ordre parfait dans l’installation et chacun connaissait sa place.

Les différentes armes étaient séparées par de larges rues ; les tentes des soldats étaient du modèle de la « Kheima » des tribus sahariennes ; chacune d’elles donnait place à vingt hommes ; en avant de leurs lignes étaient celles des Outaks ; des Khalifas et des Raiss ; en avant de ces dernières, les tentes des Aghas, généraux commandant dix bataillons.

La tente du Sultan dominait toutes les autres, et, détachée du reste du camp par un intervalle de cinq cents pas, formait avec celles de son escorte et de son entourage un camp à part.

C’est dans cet intervalle que venaient se grouper les soldats au moment de la prière, tous tournés vers La Mecque comme le Sultan lui-même.

Ce n’était pas sans surprise que les musulmans du Soudan, habitués pour leurs prières quotidiennes à s’orienter vers le soleil levant, se trouvaient maintenant tournés vers le Nord ; à ce seul indice, ils sentaient qu’ils se rapprochaient de la « Maison de Dieu », et leur ferveur allait croissant.

L’armée du Mahdi rejoignit la Garde à Doka : la zone qui s’étendait à droite de la légion lui fut dévolue comme direction de marche.

Les autres armées devaient suivre, mais en restant à six jours de marche en arrière des deux premières, pour permettre aux intendants du Sultan de faire disposer au point voulu les nombreux approvisionnements accumulés sur la côte.

Cet intervalle était également nécessaire pour permettre le curage des puits par des tribus spécialement désignées.

Jour et nuit, le passage du détroit avait continué.

À l’exception des peuples du Zambèze, de l’Angola, du Mozambique et du Sud-Africain, séparés de la mer Rouge par d’énormes distances, on pouvait maintenant regarder comme transportés en Asie, sinon la masse principale des combattants, du moins leurs armées les mieux organisées.

D’ailleurs, il était temps : de toutes parts affluaient les