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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/277

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vaisseaux européens ; l’escadre anglaise de Chine, que ne retenait pas comme celle des Indes un soulèvement islamique, la flotte française d’Extrême-Orient et la division navale de Madagascar accouraient pour venger l’inoubliable défaite.

Le plus longtemps possible, les vaisseaux turcs avaient résisté, luttant victorieusement contre les bâtiments qui se présentaient isolément ; mais incapables eux-mêmes de renouveler leurs approvisionnements de charbon et de projectiles, puisqu’ils ne pouvaient se risquer dans la Méditerranée, ils cédèrent la place et remontèrent la mer Rouge.

Fort heureusement pour eux, le canal de Suez était au pouvoir de l’Invasion noire, du moins dans sa section méridionale, de Suez aux lacs Amers.

Pendant qu’un lieutenant du Mahdi s’emparait par surprise de la ville même de Suez, le cheik Snoussi, après son audacieuse traversée du désert libyque par l’oasis fameuse de Jupiter Ammon, atteinte jadis par Alexandre, s’était dirigé sur le Caire, puis, sans s’attarder à l’attaque de cette ville, mise hâtivement en état de défense par les Anglais, il avait atteint Ismaïlia et jeté dans Suez un renfort important pour mettre cette ville à l’abri d’un retour offensif.

Il avait d’abord eu l’idée de couper le canal à son extrémité même, au port de Tewfik ; mais il apprit bientôt qu’il n’avait devant lui que des forces insuffisantes.

En effet, les Anglais, suivant en cela leurs errements habituels, avaient tenu à assumer seuls la défense du canal.

Alors, le cheik Snoussi se jeta sur Serapeum, au débouché nord des lacs Amers, et s’en empara.

Le résultat de cette habile manœuvre ne se fit pas longtemps attendre.

Deux cuirassés et plusieurs garde-côtes anglais qui stationnaient dans le réservoir des lacs Amers, voyant refluer vers le Nord ces essaims nombreux de Noirs défilant prudemment hors de la portée de leurs canons, craignirent, et avec raison, d’être coupés de la Méditerranée, et se hâtèrent de remonter sur Ismaïlia.

Puis, sans s’arrêter au lac Timsah, ils poussèrent plus loin encore et ne se crurent en sûreté qu’à l’abri des jetées de Port-Saïd.