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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/281

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vile instrument de l’oppression britannique ; mais l’abandon de son peuple et même de son entourage immédiat lui prouva, aux jours des revers, combien il était méprisé ; ses propres janissaires le livrèrent aux snoussistes au moment où, sous un déguisement de fellah, il cherchait à gagner Damiette.

Quand Abd-ul-M’hamed connut cette prise, il envoya courriers sur courriers pour que le prisonnier lui fût envoyé à La Mecque sur le dos du dromadaire le plus rapide.

Il voulait le montrer aux populations musulmanes, comme autrefois les généraux romains traînaient les rois vaincus derrière leur char de triomphe.

Maintenant toute la côte arabique, de l’Yémen à l’Hedjaz. était couverte de colonnes en marche ; en tête du gigantesque mouvement le Sultan marchait d’autant plus lentement qu’il s’approchait de la Ville sainte, et derrière lui les peuples se hâtaient pour arriver à temps au pèlerinage.

Dans ce long couloir de 12.000 kilomètres de long sur 100 de large, une partie de l’Afrique se déversait comme une coulée de lave entre deux fissures de rochers.

La proximité des lieux saints enflammait tous les cœurs. La foi devenait chaque jour plus ardente, le fanatisme s’exaltait.

Souffrances, privations, fatigues, ne comptaient plus pour ces hommes, que la vue de leur nombre, le sentiment de leur force et l’ivresse de leurs premiers succès préparaient à la conquête du monde.

Les fêtes du Ramadan Aïd-el-Sghaïr et Aïd-el-Kebir (en turc le petit et le grand Beïram) avaient été célébrées avec un éclat extraordinaire dans toutes les armées.

Le jeûne sacré avait pris fin depuis six jours, lorsque mandés par le Sultan, les principaux chefs musulmans le rejoignirent à l’entrée de la vallée de l’Oued Fathma, où commence le territoire sacré de La Mecque.

Ce fut là que de Melval et Zahner quittèrent le Sultan.

Omar avait fait préparer à leur intention une caravane commandée par un de ses officiers les plus sûrs, et qui allait les conduire à Djedda, à quatre jours de marche sur la mer Rouge.

À leur grand regret, les deux officiers durent se borner à