revêtu le ihram, c’est-à-dire le vêtement prescrit par Mahomet pour effectuer saintement le pèlerinage.
À perte de vue, chevaux, chameaux, tentes, êtres humains couvraient vallées et montagnes. Jamais le soleil n’avait éclairé pareil spectacle, même à l’époque des grands pèlerinages abassides, et de Melval, de plus en plus troublé par la constatation de cette puissance effrayante du nombre, le considérait sans rien dire.
À côté de lui Zahner, se promenant de long en large, les mains derrière le dos, attendait le départ.
— Eh bien ! fit de Melval en se retournant et en remarquant l’agitation de son ami, tu n’as pas l’air d’être dans ton assiette ; qu’y a-t-il donc ?
— Moi ! fit Zahner en cherchant à éluder la question, mais rien du tout !
— Rien ! avec cette figure-là ! Allons donc ; regretterais-tu tant que cela de ne pas voir La Mecque ?
— La Mecque je m’en soucie comme de mes premiers jours d’arrêts, fit-il. Qu’est-ce que ça peut me faire de voir une ville où la vermine, parait-il, est respectée à l’égal d’un hôte sacro-saint !
— C’est vrai, fit de Melval en riant. Pendant toute la durée du pèlerinage, il est interdit de molester aucun être vivant.
— Aussi ce que la puce doit s’en donner à cœur joie dans cette multitude !
— Franchement elle aurait tort de s’en priver ; mais tout cela ne me dit pas, reprit de Melval, quelle mouche te pique… aurais-tu oublié de prévenir ton Hourida de se joindre à notre caravane ?
— Hourida ! fit Zahner dans un grognement.
— Oui, c’est une compagne précieuse pour Djedda ; car je pense bien que tu ne vas pas passer ton temps à la pêche à la ligne.
Et comme Zahner ne répondait pas :
— Allons, fit de Melval, vas-y donc de ton secret ; il y a trop longtemps que tu le gardes pour toi.
— Un secret ! fit le brave garçon.
— Oui, un secret et à propos de cette petite Pahouine encore !