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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/304

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Il en ferma soigneusement la porte derrière lui, puis, quand il se fut assuré qu’il était seul, il entra dans une pièce retirée, ignorée des profanes.

Il prêta l’oreille un instant, personne ne l’avait suivi.

Alors il souleva le tapis qui recouvrait le sol et une large dalle apparut.

Il semblait qu’il fallût plusieurs hommes pour la soulever, mais le schérif posa le pied sur une des lames de bronze qui ornaient les quatre angles, et la dalle basculant découvrit l’orifice d’un large puits.

Des marches de fer étaient scellées dans ses parois ; le schérif quitta sa gandourah de soie et descendit rapidement.

Au fond du puits, une lampe, semblable aux modèles antiques, jetait une lumière vacillante, et un homme enchaîné à la muraille attendait silencieux.

C’était un Hindou, presque nu, reconnaissable à son haut turban, à son profil anguleux, à sa moustache tombante.

Le schérif avait choisi à dessein, pour la besogne secrète qu’il avait en vue, un sectateur de Bouddha.

À côté de ce malheureux, une outre et des vivres prouvaient qu’il était enfermé là depuis plusieurs jours.

Au fond de ce puits passait la conduite d’eau du Zem-Zem, jadis construite par la sultane Zobeid, et qui répartissait la précieuse denrée par un double branchement dont l’un desservait le temple et l’autre la ville.

C’était un caniveau demi-circulaire : à l’aide de dalles et de ciment il avait été bouché par l’Hindou, et le travail avait été bien fait, car l’eau suintait à peine au travers de ce barrage improvisé.

— Es-tu prêt ? demanda le schérif à voix basse.

L’esclave fit un signe affirmatif.

Ebnou-ben-Aoun se pencha vers l’ouverture du caniveau ; le mouvement de la foule, qui emplissait la salle du bassin sacré, lui parvenait distinctement.

Soudain ce murmure s’apaisa.

Un profond silence lui succéda, puis une voix, celle du Sultan, fit entendre une invocation, et quand pour la troisième fois le schérif entendit la Fathya jetée d’une voix forte :

— Ouvre ! dit-il.