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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/321

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Le temple se vida lentement, pendant que l’iman, dans une dernière prière, appelait sur le chef de tant de rois la bénédiction céleste, et la multitude en délire se répandit dans la ville en jetant dans la nuit le cri de : « En avant ! » renouvelé des Croisades.

Sous les voûtes de nouveau solitaires de la mosquée du Prophète, les trois machinistes de ce théâtre religieux remirent tout en ordre, descendirent avec précaution le cénotaphe de Sidna-Aissa et masquèrent par des tentures l’ouverture supérieure du mausolée.

Le lendemain, les croyants qui, pénétrés du miracle de la veille, vinrent prier dans le lieu saint, y cherchèrent en vain une trace du passage du prophète Mohammed.

Comme une traînée de poudre, le second miracle par lequel Dieu désignait comme son envoyé le Sultan Abd-ul-M’hamed se répandit dans l’Arabie entière.

L’enthousiasme devint indescriptible.

De toutes les mosquées, les étendards longtemps conservés et qui ne sortaient qu’aux têtes solennelles, furent tirés en grande pompe et partirent à la suite des armées en marche, leur donnant comme points de ralliement les croissants d’or surmontant les crinières flottantes.

Puis les chefs, ayant rejoint leurs peuples, racontèrent ce que leurs yeux avaient vu, embellirent les miracles de Zem-Zem et de Médine de toutes les couleurs de leur imagination exaltée, et insufflèrent aux masses qui les suivaient leur propre foi.

L’élan s’accrut, la marche s’accéléra.

Des milliers d’hommes allèrent des journées entières sans vivres et sans eau ; la mort ne comptait pas plus que la fatigue ; il en tomba des centaines, épuisés, le long des « ouadis » et dans les plaines de sable.

Mais rien ne retarda le torrent d’invasion.

En moins de trente-cinq jours, il parcourut 1.200 kilomètres et atteignit les premières villes de la Syrie.

Là, les armées musulmanes trouvaient pour se refaire les approvisionnements considérables fournis par l’Égypte et accumulés à Jaffa, Naplouse, Damas et Beyrouth, par les soins du cheik Snoussi.

Celui-ci, formant avant-garde, avait laissé l’Égypte à la