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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/41

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de l’Océan, au delà des marais de Lama, qui séparent la province d’Abomey de celle d’Alladad, car Abomey, en ligne droite, n’est qu’à 100 kilomètres de la côte.

L’Océan l’attirait ; peut-être, d’ailleurs, trouverait-il encore debout Porto-Novo, Kotonou ou Ouidah, ces trois points importants de la côte.

Sur sa gauche, un ruban bleu descendait vers la mer c’était l’Ouéme qu’avait suivi jadis le général Dodds, dans la première partie de sa marche contre Béhanzin, et qui avait si heureusement facilité ses transports et ses évacuations.

Par curiosité, l’interprète prit cette voie, et, successivement, passa au-dessus des lieux qui furent témoins des victoires de Cotopa, de Poguessa et de Dogba.

Près de ce dernier point, il arrêta soudain la marche de l’aérostat, car des détonations et des hurlements s’étaient fait entendre au-dessous de lui.

Il se rapprocha de terre, braqua la longue-vue sur le point d’où ils étaient partis et se mit à observer. Sur la rive gauche du fleuve, une petite redoute circulaire s’élevait sur un mamelon isolé à quelque distance d’une vaste forêt : c’était le fort Faurax, ainsi appelé du nom de l’héroïque commandant qui avait perdu la vie à Dogba.

Sur toutes ses faces il était envahi par plusieurs centaines de Noirs, et, dans un petit réduit de palanques qui tenait encore, un groupe d’hommes, vêtus du costume colonial des soldats français, brûlaient leurs dernières cartouches et se défendaient avec toute l’énergie du désespoir.

Depuis combien de temps étaient-ils là, abandonnés, perdus ?

Qui le saura jamais !

Combien étaient-ils encore ? Une vingtaine au plus, qui, dans ce coin sauvage, à 1.100 lieues de la France, tenaient haut et ferme jusqu’à la dernière heure, le drapeau que cette France leur avait confié.

Silencieux, Saladin assista à leur agonie leur nombre décrut, les coups de feu s’éteignirent et l’étouffement final se produisit sous ses yeux.

Un instant, constatant que les Noirs n’avaient que très