— En ce moment toutes nos armées ont des ordres précis, je n’en ai pas d’autres à leur envoyer ; mais, quand nous serons en Arabie, tu pourras jouer ce rôle de messager très utilement.
— Et en attendant, poursuivit Omar, il pourrait nous apprendre quelles forces européennes nous allons rencontrer devant nous, dans la mer Rouge.
— Excellente idée, reprit le Sultan ; notre premier effort va consister à ouvrir à nos armées la « Porte des Pleurs » ; précède-nous sur les bords de la mer Rouge et du golfe d’Aden ; compte les vaisseaux et reviens ici nous renseigner.
— Il en sera fait suivant ta volonté, répondit Saladin, et ton serviteur souhaite que tu triomphes de tes ennemis sur mer aussi complètement que tu viens de triompher en Algérie.
— En Algérie ? Tu as des nouvelles de nos armées de ce côté ?
— J’ai assisté à la bataille livrée par Ben-Amema à l’armée française tout entière et j’ai été témoin de l’éclatante victoire qu’il a remportée sur elle. Aucun infidèle n’a pu s’échapper.
— Qu’Allah soit loué, dit le Sultan, pendant qu’une ombre de tristesse passait sur le front d’Omar.
— Ignorais-tu donc ce succès ? demanda l’interprète.
— Tu es le premier qui parvienne ici venant de si loin, dit Ab-ul-M’hamed ; songe qu’il y a cinq mois de route entre Laghouat et Khartoum.
— Si j’avais connu la direction de ta marche, il y a deux mois que je t’aurais renseigné, dit l’interprète.
— Cette victoire est vieille de deux mois déjà ?
— Oui.
— Je sens mieux, fit le Sultan après un instant de réflexion, combien ton concours peut m’être précieux. Oui, tu seras le rapide messager qui portera mes ordres au loin… Mais donne-moi des détails sur ce premier succès de nos armes : il remplit mon cœur de reconnaissance pour le Très-Haut.
Saladin raconta la lutte nocturne, l’hécatombe à laquelle il avait assisté, et, plus d’une fois, Omar eut un regard de