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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/70

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heures pour le Touat ; de là, il avait été détaché sur Tambouctou, et depuis il n’avait plus entendu reparler de l’interprète.

Christiane n’avait plus fait dans ses lettres aucune allusion à cet homme et lui-même avait fini par n’y plus penser.

Maintenant le hasard le remettait sur son chemin et dans quelles conditions ?

Une secrète satisfaction pourtant se mêlait à sa colère ; il ne lui déplaisait pas de pouvoir mépriser le traître plus encore qu’il n’exécrait le rival.

Mais pourquoi Saladin avait-il quitté Alger ?

Pourquoi ? Eh ! parbleu ! il n’y avait qu’un moyen de le savoir, c’était d’aller le lui demander.

Mais, par précaution, il alla déposer dans sa tente le revolver qui ne le quittait jamais.

Comme cela, il ne risquerait pas de succomber à la tentation, si pour une raison quelconque elle devenait trop forte.

 

L’interprète venait de terminer l’arrimage de son aérostat : solidement fixé au tronc de plusieurs dattiers, le Tzar se balançait doucement à quelques pieds du sol, et le fidèle Mata, accroupi au pied de l’échelle de corde, avait déjà repris par ordre du Sultan son éternel rôle de gardien.

Saladin sortit de sa tente, il était méconnaissable ; ayant fait subir à son costume une véritable transformation, il apparaissait maintenant vêtu en Arabe de qualité ; pour lui, comme pour les Français qui suivaient sa maison, le Sultan avait voulu que le costume européen ne donnât lieu à aucune méprise au milieu des fanatiques qui les entouraient.

L’interprète se dirigea vers les ruines de Khartoum, situées à quelque distance du camp et dont la masse solitaire le tentait ; dans l’exaltation de son triomphe définitif, il éprouvait le besoin d’être seul.

La première partie de son programme était remplie, et bien remplie.

Il avait commencé par l’assassinat de six personnes,