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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/143

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pieds d’Alain, puis ses yeux remontèrent vers son visage, où l’alcool luttait contre la panique. Il tenait un verre de fine d’une main tremblante.

— Mais je serai heureux, reprit-il, de féliciter M. Marc Brancion pour les services qu’il a rendus en Asie à la cause de… Ah ! le voilà.

Brancion traversait la pièce pour rejoindre Solange et sa femme dans le boudoir ; il s’arrêta brusquement.

— Je tiens à vous dire, monsieur, commença Alain d’un ton qu’il voulait posé, mais qui parut emphatique, je tiens à vous dire que, pas plus que vous, je ne trouve drôle de se coucher sur une tombe, quand il est si facile de l’ouvrir et de se coucher dedans. Nul doute que le pauvre homme m’aurait fait place…

Il était parti pour un long discours, mais ne sachant comment se débarrasser de ce ton solennel qui s’attachait à ses paroles, il s’arrêta net, espérant se rattraper par la concision.

— C’est tout, ponctua-t-il.

— Je vous demande pardon, répliqua Brancion, comme sans l’avoir écouté, mais je ne me soûle jamais, et j’ai un parti pris contre les histoires d’ivrognes. D’ailleurs j’ai mal entendu l’histoire que racontait Cyrille.

— Vous aimez mieux le haschich que l’alcool, remarqua Cyrille mécontent.

— J’ai connu le haschich, et bien d’autres choses, coupa Brancion.

— Moi, je suis un pauvre drogué, repartit