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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/147

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êtes un peu gris, et bien triste. Qu’est-ce qu’il y a encore ? Pourtant, vous êtes débarrassé de la drogue. Et la belle Lydia ? Et la belle Dorothy ? Et quelle nouvelle belle ?

— Elles sont parties. Elles ne sont pas assez belles, pas assez bonnes.

— Elles sont ravissantes, elles vous adorent. Laquelle choisissez-vous ? Les gardez-vous toutes les deux ?

La bonhomie des femmes à son égard. Il jouissait d’un certain prestige à leurs yeux, mais quel prestige ! Il en avait ému certaines assez profondément, mais elles se résignaient si facilement à passer, à sortir ou à ne pas entrer.

— Je suis fini, je ne peux plus remuer le petit doigt.

Il allongeait son doigt d’ivrogne.

— Vous avez le vin triste maintenant.

— Oh ! je ne suis pas soûl, je ne peux pas être soûl. Je ne peux plus perdre la tête, il n’y aurait que la guillotine. Je pourrais aller voir du côté de la place de la Concorde, mais je ne la trouverais pas.

Il s’arrêta, il fit un effort énorme pour se ressaisir, pour ne pas se perdre dans la divagation.

Il avait quelque chose à dire à Solange.

— Écoutez, Solange, vous comprenez, vous êtes la vie. Eh bien, écoutez, la vie, je ne peux pas vous toucher. C’est atroce. Vous êtes là devant moi, et pas moyen, pas moyen. Alors, je vais essayer avec la mort, je crois que celle-là