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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/180

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nos temps. Mais si l’occasion s’était présentée ? Allons mettons que tu serais mort pour quelqu’un ou pour quelque chose que tu méprisais, toi qui méprisais tout, qui n’as jamais voulu aider la vie.

Elle ne t’a pas aidé non plus.

Si l’on doit écrire, c’est quand on a quelque chose dans le cœur. Si je n’écrivais pas aujourd’hui, c’est alors qu’on pourrait me cracher au visage.

Tu ne m’as jamais craché au visage. C’est étonnant. Parce qu’enfin tout ce que j’aime, tu crachais dessus et tu avais vécu avec des hommes qui ont craché sur ce que j’aime et sur moi. La dernière fois que tu m’as vu tu m’as dit que tu aimais celui qui m’a le mieux craché au visage.

Qu’est-ce qu’on pouvait te dire ? Rien. Mais pourtant une révolte ou une dérision – non plutôt une révolte me venait – quand je sentais ta déplaisance à la merci de la moindre conjoncture tout comme ma ...........[1].

Il aurait fallu si peu de chose pour t’apprivoiser, pour te réenchanter. Il faut si peu de chose pour changer la philosophie, pour qu’elle monte la rue au lieu de la descendre.

Il faut si peu de chose ? Mais ce ne sont que les plus grossiers appâts qui t’auraient rattaché

  1. Mot manquant dans le manuscrit.