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tants qui battaient sa fenêtre. Alain craignait la campagne, et novembre, dans ce parc humide, cerné par une banlieue maussade, ne pouvait qu’accroître sa crainte.

Cependant, il aimait sa chambre, qui, en dépit du jour bas, était plus avenante que toutes les chambres d’hôtel où il avait passé depuis qu’il avait quitté sa famille. Il alluma une cigarette et regarda autour de lui.

Les choses sur la table et la cheminée étaient parfaitement rangées. Dans le cercle de plus en plus restreint où il vivait, tout comptait. Sur la table il y avait des lettres, des factures classées en deux paquets. Puis, une pile de boîtes de cigarettes, une pile de boîtes d’allumettes. Un stylo. Un grand portefeuille à serrures. Sur la table de nuit, des romans policiers ou pornographiques, des illustrés américains et des revues d’avant-garde. Sur la cheminée, deux objets ; l’un, une mécanique très subtile, un chronomètre de platine parfaitement plat, l’autre, une affreuse petite statuette de plâtre coloriée, d’une vulgarité atroce, achetée dans une foire, qu’il transportait partout et qui représentait une femme nue. Il la disait jolie, mais il était content qu’elle enlaidît sa vie.

Sur la glace étaient collées des photos et des découpures de journaux. Une belle femme, prise de face, se renversait en arrière et montrait les émouvantes liaisons de son menton avec