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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/57

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été sain et très beau, il n’avait eu que des passades, où tout de suite il lâchait prise, découragé par un mot ou un geste, craignant tout de suite de ne plus plaire ou qu’on ne lui plût pas assez longtemps, tenté par l’amusement momentané d’une sortie bouffonne qui serait suivi, au-delà de la porte, par un enivrement d’amertume. De sorte qu’il n’avait aucune expérience du cœur des femmes ni du sien, et encore moins des corps.

Quand il était parti pour New York, les mirages s’étaient renouvelés. De fait, il avait eu soudain plus de facilité. La Française, qu’elle soit ou non une grue, veut qu’on la prenne et qu’on la garde. En contrepartie, elle est prête à un don durable. Échanges prudents et profitables. Alain s’était effrayé devant ces exigences de tendresse et de sensualité. Au contraire, l’Américaine, quand elle ne cherche pas un mari, se contente plus facilement d’une liaison étourdie. Mal éduquée, hâtive, abondante, elle ne se montre pas bien difficile sur la qualité de ce qui lui est offert dans une aventure. Alain, d’ailleurs, aidé par l’alcool et la drogue, s’était enhardi à ces contacts négligés. Mais il n’y avait pas appris grand-chose.

Aussi, quand il avait rencontré Dorothy, son désarroi avait été grand.

D’autant plus qu’une autre chose le tenait éloigné des femmes, l’idée qu’il se faisait de l’argent. Tout naturellement attiré par le luxe, il se