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Page:Drieu la Rochelle - Le Feu Follet (1931).pdf/71

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dents, la plume à la main. Une petite fille silencieuse était accroupie à côté de lui et le regardait écrire. Dubourg jeta la plume, écarta le papiers et se leva. Il était fort long et fort maigre, son crâne chauve surplombait un visage d’enfant, brouillé par la quarantaine proche.

Il tendit la main à Alain avec un mélange de joie et d’anxiété qui le rendait gauche.

— Comme je suis content de te voir. Comment vas-tu ?

— Peuh… Bonjour, Faveur.

Alain embrassa la jeune personne qui se dressait à côté de son père, déjà longue et mince comme lui, et qui se laissa faire avec un plaisir muet.

— Faveur, va-t’en.

Faveur avait déjà disparu. Dubourg regarda Alain, regarda tout autour de lui, regarda de nouveau Alain et hocha la tête. Le regard d’Alain suivit distraitement celui de Dubourg.

Dubourg était devenu égyptologue depuis peu, en même temps qu’il s’était marié. Alain avait vu, non sans ironie, se pacifier l’ancien compagnon de ses ivrogneries. Quelle défaite avait-il cherchée dans ces papyrus ? Que faisait-il d’une femme et de deux filles ? Qu’était-ce que cette solitude encombrée ?

Pourtant l’amitié était la seule ouverture par où pouvait entrer dans le cœur d’Alain quelque mansuétude. Alain qui, avec son tour