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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/126

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LE DÉPÔT.

boiserie prit feu. Ses hommes l’imitèrent et M. Tollevatz comprit que l’on incendiait la Préfecture de police.

Ce que M. Tollevatz voyait du commun des femmes, les détenus du commun des hommes pouvaient l’apercevoir aussi ; ce fut dans toute cette portion du Dépôt une rumeur effroyable ; on se pressait aux portes et l’on criait : « Au feu ! » M. Tollevatz, s’adressant au surveillant de service à la salle où il était enfermé, lui signala le danger et le pria d’aller prévenir le directeur ; le surveillant, qui était ce Lécolle introduit par Garreau dès le 20 mars, répondit qu’il n’avait pas d’ordres à recevoir d’un détenu, et que du reste ça ne le regardait pas. L’incendie de la Préfecture de police devant entraîner celui du Dépôt, la situation des détenus pouvait rapidement devenir intolérable.

Cependant on persistait à appeler Michel, qui continuait à donner des coups de pied dans sa porte ; Ferré libellait des listes qu’il ne parvenait pas à compléter ; les surveillants, comprenant que cette atroce comédie touchait à sa fin, entr’ouvraient les cellules et disaient aux détenus : « Bon courage ! ça ne va pas durer longtemps encore. » Tout à coup on entendit des cris perçants : c’étaient les femmes enfermées dans l’annexe qui devenaient folles d’épouvante en voyant brûler sous leurs yeux la galerie de bois de la Préfecture de police ; les flammes battaient les murailles de leur section et faisaient éclater les vitres des fenêtres. Les clameurs que poussaient ces malheureuses retentissaient comme des appels désespérés dans les couloirs du Dépôt. Ferré, visiblement troublé et arrivé au dernier degré de l’irritation nerveuse, s’écria : « Mais faites donc taire ces braillardes ! » À ce moment, un des « magistrats », compagnons de Ferré, sortit. Le directeur Fouet dit alors au sous-brigadier Braquond d’aller engager les