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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/205

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LE GÉNÉRAL CHANZY.

craignait que le délégué militaire à la Préfecture de police ne fit encore quelque difficulté ou que Raoul Rigault n’intervînt. Duval s’exécuta de bonne grâce et écrivit : « Ordre de mettre en liberté immédiate le citoyen Chanzy. » Sur la simple observation du général Cremer, il ajouta : « et Langourian. » Babik, qui était un mystique atteint de théomanie, pleurait de joie à l’idée de rendre le général Chanzy à la liberté. « Vous l’aimez donc beaucoup ? lui demanda le général Cremer. — Je ne l’ai jamais vu, » répondit Babik en sanglotant. — Celui-là non plus n’était point méchant, c’était un simple. Si Allix, l’inventeur des escargots sympathiques, et Babik avaient dirigé le gouvernement de la Commune, ils n’auraient choisi pour otages ni les généraux ni les archevêques ; mais, afin d’assurer leur propre liberté, ils auraient dû faire arrêter tous les médecins aliénistes.

Ce fut le soir, fort tard, vers minuit, que Babik et le général Cremer se présentèrent à la Santé ; le directeur et le greffier Laloë firent rapidement les formalités pour lever l’écrou, sans prévenir les fédérés, qui dormaient dans leur poste. Des vêtements bourgeois avaient été envoyés aux généraux prisonniers ; ils sortirent déguisés, pour ainsi dire, afin d’éviter toute nouvelle collision avec les gardes nationaux, et ils purent emmener avec eux le capitaine Ducauzé de Nazelles[1]. Le mandat de libération fut contresigné par le délégué du secteur, Quinard, qui n’osa point résister à un ordre de son propre général, du général Émile Duval. M. Chanzy n’en était point quitte encore ; il devait, avant d’être mis définitivement en liberté, comparaître avec les généraux Cremer et de Langourian devant le Comité central.

  1. « 25 mars 1871. — Ordre de mettre en liberté et de partir immédiatement au citoyen Ducauzé de Nazelles. — Signé : le général E. Duval. »