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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/209

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LES DÉTENUS.

troduit dans le cabinet dit du préfet, qu’il connaissait bien. Le général, très galonné, y trônait au milieu de plusieurs individus armés ; il accueillit M. Claude avec cordialité et lui dit : « Pourquoi ne resteriez-vous pas avec nous et ne serviriez-vous pas le gouvernement que Paris vient d’acclamer ? » M. Claude fit un geste de refus. Duval lui prit familièrement le bras et l’entraîna dans une chambre voisine où ils étaient seuls. Duval renouvela ses offres. « Nous avons besoin de vous plus que de tout autre ; nous ne nous faisons pas d’illusions, nous savons que les hommes pratiques et les administrateurs nous manquent. Vous pouvez nous être utile, joignez-vous à nous, et vous n’aurez pas à vous en repentir. » M. Claude répondit : « Ce que vous me demandez est impossible ; si j’hésitais à repousser votre proposition, vous me mépriseriez et je ne m’estimerais guère ; vous ne pourriez avoir confiance en moi, si je consentais à servir un gouvernement que j’aurais voulu combattre. » Duval dit : « C’est bien ! Où désirez-vous que l’on vous conduise ? — Mais, chez moi, répliqua M. Claude. — Cela ne se peut ; vous êtes prisonnier ; si vous n’avez pas de goût pour une prison plutôt que pour une autre, on va vous diriger sur la Santé. — Soit, répondit M. Claude ; mais les rues de Paris me paraissent dangereuses pour moi, et je vous prie de me faire mettre une voiture à ma disposition. »

Cinq minutes après, M. Claude et un de ses garçons de bureau nommé Morin, arrêté « par-dessus le marché », montaient dans un fiacre, place Dauphine, escortés de quelques fédérés. À ce moment, un des officiers de Duval accourut, fit descendre M. Claude, et à voix basse le sollicita de ne pas rejeter les offres qui lui étaient faites. Le refus de l’honnête homme fut catégorique ; l’officier lui dit alors : « Ne vous en prenez donc qu’à vous-même de ce qui pourra vous arriver ! »