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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/260

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MAZAS.

Dacosta ; ils s'étaient rendus tous deux près du directeur Garreau et lui avaient donné communication de cette dépêche, écrite tout entière de la main de Gabriel Ranvier : « Paris, 4 prairial en 79. Comité de salut public à sûreté générale : Ordre de transférer immédiatement les otages, tels que l’archevêque, les différents curés, Bonjean sénateur, et tous ceux qui peuvent avoir une importance quelconque, à la prison de la Roquette, dépôt des condamnés. Le Comité de salut public : G. Ranvier, Eudes, Ferd. Gambon. » — Garreau conduisit Raoul Rigault et Dacosta au greffe ; le livre d’écrou fut consulté et sur les indications de ces trois meurtriers la liste des otages fut dressée par le greffier Cantrel. Elle comprenait cinquante-quatre noms ; le premier sur la liste est celui de Mgr Darboy, le second celui de M. Bonjean, le dernier celui de Walbert (Félix-Joseph), officier de paix ; Jecker est le septième, l’abbé Deguerry le neuvième ; elle désignait trente-huit prêtres, deux commissaires de police, un proviseur de collège et différents prisonniers qualifiés d'agents secrets.

Tous furent avertis ; on les isola dans les cellules d’attente où l’on enferme habituellement les détenus avant qu’ils aient subi les formalités de l’écrou. On avait réquisitionné des voitures au chemin de fer de Lyon ; on ne put se procurer que deux chariots de factage. Sous la garde des fédérés armés, on ne parvint à empiler que quarante prisonniers dans ces tapissières incommodes ; le dernier qui y prit place fut Joseph Ruault, sur le mandat d’arrestation duquel Gaston Dacosta avait écrit ; « Conservez cette canaille pour le peloton d’exécution[1]. » Le malheureux pour lequel on faisait

  1. Procès Dacosta ; débats contradictoires ; 3e conseil de guerre, 27 juin 1872.