vingt et un de leurs compagnons, étaient silencieux et troublés. Un instant, ils avaient eu quelque espoir. Dans la matinée, la fusillade avait semblé se rapprocher de la Grande-Roquette, comme si l’armée en eût attaqué les rues voisines ; mais le bruit s’était éloigné et ne leur parvenait plus que sous forme de rumeur confuse ; les prêtres priaient, les laïques pensaient aux êtres chers qui les attendaient au logis. Le brigadier Ramain, le sous-brigadier Picon, s’agitaient et tâchaient de remonter le moral des surveillants, qui paraissait singulièrement affaissé. Quelques-uns disaient : « Sauvons-nous de cet enfer ; » les autres répondaient : « Non, restons pour protéger les otages. » François, dans son costume des grands jours, l’écharpe rouge en sautoir, le revolver à la ceinture, le sabre traînant, le képi galonné sur l’oreille, promenait partout son importance et semblait attendre quelque grand évènement. Souvent il sortait, regardait vers le haut de la rue de la Roquette ; plusieurs fois, Clovis Briant, le directeur de la maison d’éducation correctionnelle, était venu causer confidentiellement avec lui.
Il était une heure environ lorsque Ferré, à cheval, arriva à la Grande-Roquette ; deux cavaliers l’escortaient ; l’un d’eux, dit-on, était Gabriel Ranvier ; nous ne rapportons ce bruit qu’avec réserve, car nous n’avons pu en contrôler l’exactitude. Un bataillon de fédérés les suivait ; un peloton pénétra dans la première cour, le reste des hommes fut rangé sur la place. Ferré se rendit au greffe, où il fut reçu par François : « Nous venons chercher les curés et les sergents de ville. » À ce moment, le surveillant Bourguignon se trouvait au grand guichet. Il reconnut Ferré, il entendit les paroles adressées à François. Ferré lui prescrivit de prendre tout de suite une voiture et d’aller chercher des vivres pour les soldats du poste, qui s'étaient plaints de n’a-