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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/360

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LA GRANDE-ROQUETTE.

nippes, qui furent emportées par quelques camarades ; il déménageait et ne devait plus revenir. Avant de partir il dit à un surveillant : « Et les otages ? — Toujours barricadés, répondit le gardien. — Bien ! riposta François, je vais au Père-Lachaise faire démolir la Roquette à coups de canon. » Menace illusoire ; dans la journée le cimetière avait été pris sans coup férir par les troupes françaises. La légende se forme si promptement dans notre pays, même sur les lieux témoins de la réalité, qu’il est acquis aujourd’hui pour bien du monde, surtout pour certains apologistes de la Commune, que le cimetière de l’Est a été le théâtre d’un combat désespéré. Les communards disent : la bataille du Père-Lachaise, comme nos soldats diraient : la bataille de Solférino. Il faut raconter simplement la vérité.

Une batterie de dix pièces de sept et une mitrailleuse furent réunies dans le cimetière et eurent trois objectifs différents : le palais des Tuileries, l’église Saint-Eustache, la gare d’Orléans[1]. Le service des munitions était mal fait et plusieurs fois on expédia des gargousses qui n’étaient point de calibre. Les pièces étaient du reste hors de service et restèrent silencieuses le 27 mai à partir de midi. C’est à ce moment même que commença le mouvement militaire qui devait rendre l’armée française maîtresse du Père-Lachaise et des hauteurs qui l’avoisinent. Cette tâche, réservée au corps

  1. « Mon tir est dirigé sur Saint-Eustache et sur la gare d’Orléans, boulevard Hôpital, de façon à faire le plus de dégât à l’interception (sic) des boulevards Hôpital, Saint-Marcel et Arago. — Le chef commandant l’artillerie du xe au Père-Lachaise : Vieulina. » — La signature est peu lisible, et par conséquent douteuse. Cette dépêche est du 25 mai 1871. Elle répondait à la dépêche que voici : « Informez le Père-Lachaise que les obus qu’ils reçoivent ne peuvent venir que de Montmartre ; tirez principalement sur les églises, excepté le xe arrondissement et Belleville et le xie arrondissement. Le membre du Comité de salut public : Général Eudes. »