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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/361

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LA DÉLIVRANCE.

du général Vinoy, fut confiée par celui-ci à la division Bruat. — À midi le premier régiment d’infanterie de marine faisait la soupe dans l’avenue de Saint-Mandé, lorsque l’ordre vint de se porter en avant ; on donna un coup de pied dans les marmites et l’on se mit en marche sans incidents remarquables ; on arriva sur la grande voie que l’on appelle aujourd’hui la rue des Pyrénées, ouverte entre deux talus qui ressemblent à des collines ; le régiment se trouvait ainsi placé entre Charonne et le Père-Lachaise ; on lança plusieurs compagnies, à droite vers Charonne, à gauche vers le cimetière ; nous suivrons celles-là pas à pas.

La ligne des tirailleurs jetée en avant des pelotons trouva de la résistance ; dans ces terrains onduleux, coupés de jardinets fermés de clôtures, parsemés de basses maisons, plantés d’arbres, la lutte était difficile ; de toutes les haies, de toutes les fenêtres partaient des coups de fusil ; le champ du combat était en pente, découvrait nos soldats qui avançaient néanmoins, laissant plus d’un mort, plus d’un blessé derrière eux, mais repoussant les insurgés dont quelques-uns, déjà découragés, filaient rapidement vers Belleville, encore au pouvoir de la révolte ; c’était la première compagnie du premier bataillon, commandée par le capitaine Vincenti, qui menait cet assaut avec un entrain et une fermeté remarquables.

Un sergent nommé Antzenberger, Alsacien, engagé volontaire qui s’était admirablement conduit à Bazeilles et qui, au retour de la captivité, était venu rejoindre son ancien régiment, guidait sept ou huit hommes à travers les jardins maraîchers, dont il délogeait les fédérés. Ainsi marchant en faisant le coup de feu, il arriva entre des masures et le mur d’enceinte du cimetière, dans une longue ruelle resserrée, qui est la rue des Rondeaux. C’est triste, étroit ; ça ressemble au chemin de ronde