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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/365

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LA DÉLIVRANCE.

fusillade ; on regarda vers l’avenue transversale et, derrière les massifs d’arbres, on aperçut l’éclat lumineux des coups de fusil. Qui venait là ? Des fédérés ou des soldats de l’armée française ? On se tint prêt à riposter. Au bout de l’avenue on distingua une ligne de tirailleurs qui s’avançaient, suivis par un corps de troupes assez nombreux : à l’ensemble du mouvement, on reconnut des soldats réguliers. Le lieutenant Bahier donna ordre à son clairon de sonner la marche du régiment. Il y eut comme un temps d’arrêt dans la fusillade, qui reprit presque immédiatement. Le lieutenant fit alors sonner : Cessez le feu ! Le feu cessa. La troupe parut s’arrêter et l’on vit un sous-officier qui se détachait du premier groupe et s’avançait, le fusil en main, prêt à tirer. Antzenberger se dirigea vers lui : Qui vive ? — 42e de ligne ! — On se serra la main.

C’étaient trois compagnies du deuxième bataillon du 42e de ligne qui, ayant franchi la clôture du cimetière, fouillaient les parties boisées et se dirigeaient vers la batterie fédérée dont on connaissait l’emplacement. Le lieutenant Bahier alla rejoindre le régiment d’infanterie de marine, du côté de la rue Sorbier, et les soldats du 42e de ligne gardèrent le Père-Lachaise jusqu’à dix heures du soir ; à ce moment, le 74e de marche de la brigade Bernard de Seigneurans, de la division Bruat, vint les relever et établit son bivouac au milieu des tombes. — Telle fut la bataille du Père-Lachaise. On s’est battu autour du cimetière, mais dans le cimetière même on ne s’est pas battu. De cette action si simple, Vésinier a fait le récit que voici : « Pendant plus d’une demi-heure, il y eut dans cet asile des morts un combat terrible. Les assiégés, envahis de toute part, s’abritaient derrière les monuments funèbres en tirailleurs, pendant que les troupes régulières s’avançaient par les avenues, gagnant le plus rapidement possible les