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Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/369

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LA DÉLIVRANCE.

possible de faire grâce à un pareil homme ; on l’exécuta le 25 juillet 1872.

Le jour même où les otages de la Roquette furent délivrés par les fusiliers marins, le dimanche 28 mai 1871, la Commune expira, mais non sans avoir fait à la France une blessure plus dangereuse cent fois que celle dont l’Allemagne nous a frappés ; l’arme a pénétré les œuvres vives. La flèche était barbelée, elle est restée dans la plaie, qui tôt ou tard se rouvrira. La Commune tomba là même où elle avait pris naissance ; semblable à un sanglier qui vient mourir au lancé, elle succomba aux portes mêmes de son berceau, au coin de la rue Fontaine-au-Roi et de la rue Saint-Maur, non loin de cette rue Basfroi où, dans la journée du 18 mars, le Comité central, réuni en conseil de guerre, s’était assuré la victoire en profitant des fautes commises. La dernière barricade, appuyée d’une soixantaine de fédérés, était commandée, non par un membre de la Commune, mais par un clerc d’huissier, membre du Comité central, nommé Louis-Fortuné Piat ; il s’était bien battu et avait prouvé ainsi qu’il ne doit pas être confondu avec son quasi homonyme Félix Pyat. Comprenant que la résistance était inutile, sachant l’armée française maîtresse de Paris et victorieuse de l’insurrection, Louis Piat arbora un mouchoir blanc au bout d’un fusil et se rendit aux troupes de ligne ; il était alors un peu plus d’une heure après midi.

La guerre avait pris fin, mais la victoire ne déplaçait aucune responsabilité ; le gouvernement de M. Thiers, qui venait de triompher après une lutte de deux mois terminée par une bataille de sept jours, ressemblait à un pompier forcé d’éteindre l’incendie que son incurie a laissé allumer. Le groupe politique qui depuis le mois de septembre avait dirigé les destinées de la France pouvait faire son examen de conscience et voir