Aller au contenu

Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/419

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’inquiète, on se dit, on se redit les soupçons pesant déjà sur le farouche dictateur qui, pendant ce temps, essayait de convaincre son entourage.

Mais les réactions sont promptes dans le peuple. Ceux, les femmes surtout, qui avaient tant souffert de ce siège horrible, crièrent à la trahison et en vinrent tout naturellement à accuser Delescluze des malheurs de la patrie. Ce fut alors un cri unanime de malédiction contre l’auteur de tous les maux de la capitale, et une femme lui mit le poing sur la figure.

Delescluze repoussa la main ; on crut qu’il frappait cette femme. La fureur populaire fut portée alors à son comble. Tous les poings se levèrent, des armes furent déchargées dans la foule, et une punique effroyable se mit parmi tout ce monde.

C’était à qui fuirait de tous côtés, car dans la demi-obscurité de la soirée, on ne savait d’où partaient ces coups de feu.

Ceux qui fuyaient ne cessaient de proférer des imprécations contre Delescluze ; mais ils y ajoutaient leurs appréhensions que cet homme eût pu s’échapper.

Il n’en était rien. Delescluze avait été frappé et ce furent les troupes du général Clinchant, ainsi que nous l’apprend le Journal-officiel, qui trouvèrent son cadavre.

Son corps a été transporté dans l’église Sainte-Élisabeth, puis exposé un peu après dans le square du Temple.

Ainsi a fini cet homme que l’insurrection a essayé de grandir et qui, après avoir été un vulgaire voleur, laissera dans l’histoire le nom de l’un des plus exécrables assassins. C’est l’Érostrate moderne.