Aller au contenu

Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
PERVERSE

une petite fille. Je suis fatiguée de Miss, aujourd’hui.

— On ne peut avoir de petite fille, ma chérie, lorsqu’on ne se marie pas. L’une est la conséquence de l’autre.

— Je ne comprends pas.

— Marie-toi, et tu comprendras.

— Je vais réfléchir.

Des mois se passèrent.

Paula était d’une laideur agréable. Maigre et grande, bâtie en levrette, elle avait des yeux étranges, des yeux immenses et gris, au milieu desquels étincelait un point d’or le jour, un point d’argent la nuit. Ses mains étaient menues et longues ; ses pieds étroits étaient chevillés hautement. Des cheveux châtains, épais et courts, nuageaient jusque sur ses yeux et descendaient, derrière, très bas, dans le cou. Une ombre brune de duvets surmontait ses lèvres, aux coins desquelles trois ou quatre petits poils noirs étaient raides plantés.

Sa bouche, largement fendue, était mince, minces aussi ses narines qui s’ouvraient et