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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/19

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PERVERSE

se fermaient, au gré du souffle, voluptueusement contradictoires à la sécheresse de sa nature.

Sa gorge s’arrêtait rudement à une poitrine masculine, où les seins faisaient complètement défaut ; deux boutons de roses anémiques.

Les bras de Paula, en revanche, étaient superbes. Grassouillets et fossetés délicieusement, ils naissaient dans un nid soyeux de noirs frisons et s’affinaient jusqu’au poignet par des lignes irréprochables de pureté. De même, ses jambes étaient parfaites, gracieusement tendues, modelées avec richesse, nerveuses pourtant ; elles étaient la délicate base, ciselée dans le satin d’un corps androgyne, qui avait pris, à la femme, ses extrémités, et à l’homme, son torse.

Lorsqu’elle passait dans les avenues, à pied, ou dans sa Victoria attelée de bêtes de race, les hommes ne la regardaient pas.

La fille de Johnson, le cent fois millionnaire, était l’inaperçue, la non-souhaitée, et