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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/21

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PERVERSE

d’un bonheur précipité, elle fut si heureuse qu’elle poussa un cri, un grand cri qui l’éveilla. Elle ouvrit les yeux. Elle était seule. Où était-il ? Ses paupières étaient teintées de bistre, elle souriait, elle se souriait, sans comprendre. Déjà, elle ne se souvenait plus que du baiser donné par une bouche d’homme inconnu, d’un long frisson, oh ! d’un frisson inexplicable, mais qui avait semé par tout son être de profondes sensations, qui avait pénétré sa chair de quelque chose de doux, de puissamment doux, comme une caresse qui chatouille, qui secoue, mais qu’on supporte, jusqu’au cri qui est un mélange de bonheur et de mal, un mélange incompris qui fait rire les lèvres et s’allumer les yeux.

À partir de cet instant, Paula était changée. Instruite par le rêve, elle devinait, sans rien de précis, qu’il y avait dans la vie autre chose que ce qu’elle y avait trouvé.

Vierge et curieuse, avide de savoir, altérée de l’inconnu, elle embrassa ses bras nus, espérant trouver la saveur et l’ivresse que