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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/29

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PERVERSE

Elle donna des lueurs de lis à sa passion pour l’amour brutal. Elle fut la sublime amante avant de connaître l’amant qui viendrait semer des baisers sur son corps dans la communion des vices accouplés. Elle-même, à ses yeux se transforma, brisant avec le passé qui avait été l’ombre, pour bondir vers l’avenir qui serait le soleil.

Qui lui donnerait ce soleil dans un baiser ?

Les hommes passaient aux côtés de Paula sans oser la frôler. Elle imposait le respect et n’inspirait pas le désir.

Trop hautaine, sans noblesse, elle ne voulait pas commander à un domestique de la prendre ; elle voulait de l’amour sans l’avoir commandé, et nul ne lui en offrait.

Elle ne savait pas non plus la science d’attirer le mâle, elle devinait cet art qui séduit et appelle, mais il lui manquait la beauté du visage et la grâce du corps. Elle ne pouvait être séductrice qu’en se prostituant.

Paula songeait à désespérer. Elle pleurait des larmes chaudes, des larmes sèches, et