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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/30

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PERVERSE

ses nuits, de longues veilles, voyaient défiler le troupeau des hommes qu’elle connaissait sans qu’aucun s’arrêtât devant elle. Elle aurait béni le plus difforme, le moins doué, le plus rachitique et le plus vieux ; tous passaient, respectueusement.

Vieillirait-elle, la vieille fille aux lourds millions, avec, le poids fatal de l’éternelle virginité ? Irait-elle, jusqu’au temps des cheveux blancs, sans avoir eu le baptême du mâle ? Demeurerait-elle l’éternelle inassouvie. dans son grand lit, l’ange inviolé qui meugle au viol et que les songes ne veulent même plus baiser aux lèvres ?

Les flambeaux charnels s’allument cependant pour toutes les femmes, et les plus grands cierges pascals ne fondent pas toujours au chevet des plus radieuses !

Paula, souffrante, amaigrie, chienne sans chien, maudissait sa misère, insultant l’Amour qui la rejetait, avec mépris, du temple où les autels sont dressés pour la sainte profanation, et où, dans un tabernacle fleuri, sur des baisers, rayonne l’âme du plaisir.