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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/41

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PERVERSE

Ils se regardaient en froissant le clavier, ils se frôlaient les doigts en se noyant les yeux dans les humides regards de leurs prunelles.

Car Paula, la vierge épuisée des rêves, voulait aller jusqu’à la réalité ; elle tendait les bras vers les bras d’amour qui se refermaient ; elle voulait aimer pour savoir enfin ce qu’était l’amour. Oh ! être une heure ce que cette femme qu’elle avait vue avait été dans les bras de son père !

Gaston la regardait toujours, sans parler.

— Si nous allions prendre l’air au jardin ? dit Paula.

— Je suis aux ordres de votre désir, miss.

— Allons, offrez-moi le bras, je vous conduirai.

Lorsqu’ils furent seuls dans l’immense parc de l’hôtel, bien perdus dans la verdure affolée qui faisait retomber, en ramures verdoyantes, les feuilles à terre, comme des chapelets de feuilles, silencieux et prêts pour l’inavouable et intime désir, pressés