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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/45

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PERVERSE

d’avant-coureuses joies, prometteuses d’extases.

Déjà, elle avait clos ses yeux, et ivre, s’abandonnait. Mais Gaston de Plombières était trop artiste pour ne pas mener à bien l’aventure. Il prodigua à l’infante passionnelle les mille joyaux passionnels qui sont l’apéritive nourriture dont se gonflent les désirs.

Il attendit pour le baiser suprême que la fille de M. Johnson lui dit :

— Mais, je t’attends… je t’en prie, je t’en prie ! Oh ! je t’en prie, prends-moi !

Il y eut, dans les feuilles, l’ascension fleurie de baisers plus mouillés, plus mélodieux ; il y eut la possession avide d’un corps en délire par un autre corps sans amour. Le boudoir sombre de la nuit reçut les soupirs et les sanglots, la mousse du sol reçut la douleur de la vierge qui se meurtrissait, pour savoir, pour se griser, pour aller jusqu’à la sainte ivresse. Surmontant l’ultime douleur, sans joie, espérant à la fin, découvrir quelque chose qui serait la jouis-