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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/44

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PERVERSE

Ils s’assirent sur le marbre, dans l’ombre noire des arbres ; seuls, bien seuls, aucun bruit ne venait jusqu’à eux que la chanson du silence qui passe sur la nuit et semble venir des étoiles.

Sans s’en apercevoir, Paula s’était pressée contre Gaston ; elle ne parlait pas, il ne parlait pas, ils se regardaient. Leurs mains s’unirent.

Alors, là, sous le noir profond de la nuit, les lèvres de Paula sentirent l’ivresse du grand baiser, du baiser d’autres lèvres, en même temps que des bras enlaçant sa poitrine, des mains meurtrissant ses bras, l’enserraient puissamment et la gardaient, la bouche sur le baiser, sans que, pourtant, elle essayât à se dégager.

Au contraire, elle voulait, et comme lui, elle demandait de l’amour.

Il y eut, entre les notes des baisers, des chuchotements doux, des caresses intimes qui passaient légères et fortes, avaient des arrêts comme des frôlements, et semaient dans l’être de la nerveuse vierge autant