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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/51

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PERVERSE

des vagues écumeuses, eussent conquis l’infini du réel et clamé à tous la grande nouvelle : Hier, à minuit, dans le parc de l’hôtel, la fille de Johnson, Paula, a été prise par un noble de France, sur une couche de gazon, à l’heure des rosées, et la vierge a connu les enchanteurs martyres passionnels ; elle s’est réveillée du mal d’amour, transportée dans un ciel d’infinie béatitude, et sa bouche riait aux pleurs de ses yeux pour bénir l’événement charnel de la résurrection animale, pour la conquête féconde des joies humaines.

Et, de son lit, où, inendormie, elle rêvait de l’extase venue, il lui semblait entendre la mugissante orchestration des trompettes lâchées, soufflant de la terre jusqu’au ciel le triomphe de sa défaite, précurseur des victoires de lendemains dorés aux crinières blondes des anges de volupté.

Ah ! les lendemains qui lui ouvraient les bras !

Paula se leva de sa couche, et contempla le grand lit où son corps prenait si peu de