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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/78

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PERVERSE

La fatigue croissante, avec les soirs de joie, appelait en effet d’autres fatigues. Râlante, elle appelait d’autres râles.

Ne sachant même pas si elle aimait l’homme, mais affamée du plaisir qu’il donnait, elle pensait, aux heures de solitude, tristement, qu’elle ne pourrait attacher cet homme à elle, et demeurer, toujours, sous la pénétrante prunelle de ses yeux, sous la domination constante de sa puissance.

Et le paquebot en toilette, cuivres luisants, fleuri de son pavillon, glissait avec une rapidité effrayante sur la mer transparente.

Déjà les mouettes, les grands oiseaux blancs marins, étaient plus nombreux. Depuis le matin, on avait croisé trois navires. Les matelots, affairés, couraient sur le pont et préparaient le débarquement.

Les passagers, tous aux bastingages, armés de jumelles ou de lorgnettes, fouillaient l’horizon, cherchant la terre.

Il semblait que les machines, donnant un effort suprême pour arriver plus tôt, souf-