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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/79

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PERVERSE

flaient avec plus de rage dans leur cage profonde. Le navire lui-même tressaillait dans sa carcasse de fer, palpitant comme une bête surmenée dans un immense galop.

Plus courtes, les lames n’imposaient plus à la bête d’acier la cadence de leur valse ; elle passait sans tanguer, majestueuse, forte, sifflante, crevant l’eau de son poitrail aigu.

On allait, sans voiles.

Les commandements du capitaine hurlaient de la passerelle. La vie renaissait à bord, effroyablement active ; les treuils grinçaient, la machine soufflait, le navire trépidait. Maintenant, le pont s’encombrait de colis de toutes sortes, montés par les treuils du flanc du paquebot.

Enfin, une ligne claire apparut soudain dans un éclat de soleil.

C’étaient les côtes de France.

Paula aurait voulu dire au moins adieu à son amant, au docteur, à cet homme qui l’avait faite heureuse et qui lui avait donné tant de plaisirs d’amour.