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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/111

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HÔTEL DE CLUNY.

On reproche à Henri ses faiblesses ; mais leur sacrifia-t-il jamais des intérêts plus élevés, ceux de son peuple et de sa dignité comme roi[1] ? L’ascendant de Gabrielle le sépara-t-il de Sully ? Certes celui qui pourrait dire que, doué de son organisation, dans des circonstances pareilles et avec l’exemple de ses prédécesseurs, il se fût conduit différemment, serait plus qu’un ange ou moins qu’un homme.

Ces faiblesses, conciliées avec les devoirs, sont toujours des gages assurés de ce qu’une ame ardente peut entreprendre et exécuter de grand et de noble, quand s’amortit le feu des désirs personnels.

La magie de ces souvenirs et de ces regrets, communs par exception aux Français de tous étages, s’accroît encore, à nos yeux du moins, dans la petite pièce que nous visitons, d’une espèce d’accord entre l’image du bon roi et le mobilier presque entièrement de son temps, lit, tenture, draperies, fauteuils, miroirs, coffrets, pendules, vitraux, tapis, flambeaux et autres objets dont le petit tableau d’Abraham Boos, placé près du meuble, constate l’exactitude. Il n’est pas jusqu’au plat d’un continuateur de Palizzi, représentant Henri au milieu de sa famille, qui n’ajoute encore au charme de l’illusion.

Pour nous faire pardonner l’abandon du rôle de simple

  1. Rappelons-nous sa conduite envers le batelier du Pré-aux-Clercs, et sa repartie à cette réponse assez impertinente que lui avait faite l’ambassadeur de l’empereur Rodolphe : Si mon maître a des maîtresses, elles sont secrètes. « Il est vrai, répliqua-t-il, qu’il y a des hommes qui n’ont pas d’assez grandes qualités pour n’être pas obligés de cacher leurs faiblesses. »