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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/248

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SUR LE PALAIS DES THERMES.

Si la mort, qui l’atteignit en 511, l’empêcha de jouir long-temps de cette résidence, son successeur, Childebert, plus heureux à cet égard, l’occupa jusqu’en 558. Ce fut là qu’il se retira, dit Grégoire de Tours, « in suburbana concessit, » après avoir froidement participé, en 524, au massacre de ses deux neveux, poignardés, en sa présence, par son frère[1] ; peccadilles fort communes en ces temps et qui n’altéraient en rien la vénération des peuples, si nous en jugeons par ce vers de Fortunat[2], le saint évêque de Poitiers :

    consacré de jour en jour de l’importation à notre profit des virtuoses transalpins. Charlemagne se borna à faire venir de ce pays des chantres pour l’exécution du chant religieux que saint Grégoire avait réglé.

  1. Childebert, roi de Paris, et son frère Clotaire, roi de Soissons, prenant ombrage de l’avenir de leurs neveux, les trois fils de Clodomir, dont l’ainé n’avait que dix ans, les firent demander à Clotilde, leur grand’mère, qui demeurait alors dans la ville, « quæ tunc in ipsâ urbe morabatur », pour, disaient-ils, les faire proclamer rois. Clotaire poignarda Théodebalde et Gontaire, les seuls qui lui furent confiés, et monta tranquillement à cheval pour retourner à Soissons, où il épousa plus tard Gondinque, la mère de ses victimes. Childebert rentra avec la même tranquillité dans son palais du faubourg. Le 3e enfant, Clodoalde, soustrait par son gouverneur à la férocité de ses oncles, se retira dans un cloître, et reçut, en dédommagement des biens de ce monde, la couronne céleste, sous le nom de saint Cloud.
  2. Venance Fortunat, poète célèbre du 6e siècle, venu jeune d’Italie en France, où il mourut en 609, fut d’abord attaché, comme intendant et comme chapelain à sa reine Radegunde, l’une des femmes de Clotaire Ier, roi de Soissons, dont nous venons de parler. Retirée, du consentement de son époux, dans l’abbaye de Sainte-Croix de Poitiers qu’elle avait fondée, et dont sa sœur Agnès était abbesse, Radegunde y régnait de fait mieux que sur le trône. Fortunat, devenu évêque de Poitiers, fut dès lors le ministre de ses bienfaits, et le régulateur du noble usage qu’elle fit constamment de la haute influence qu’elle conserva jusqu’à sa mort en 587. Elle avait alors 68 ans. Il reste des relations de cette reine, qui cultiva les lettres, avec le dispensateur de ses graces, des traces d’un commerce poétique plein d’abandon où se font remarquer des échanges de soins et de dons sans conséquence, innocents témoignages d’une douce familiarité. La