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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/104

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tentation, corrompit son esprit, et troubla la paix intérieure de son cœur. De là sont venus tous les maux qui accablèrent le genre humain, et les sectes différentes qui nous partagent.

« Les hommes, qui depuis ce fatal moment ont toujours marché dans les ténèbres, n’auraient jamais trouvé la voie de la vérité, si l’une de ces divines personnes n’eût caché sa divinité sous la forme de l’homme. C’est cet homme que nous nommons le Messie. Un ange annonça sa venue, et il naquit quelque temps après d’une vierge en Judée. Cette naissance miraculeuse fut marquée par une nouvelle étoile. Quelques rois qui la reconnurent, vinrent offrir des présents à ce divin enfant, afin que la loi et les prédictions des vingt-quatre prophètes s’accomplissent.

« Il gouverna le monde par l’institution d’une loi céleste, spirituelle, et très simple. Il établit huit béatitudes. Il tâcha de détromper les hommes de l’estime qu’ils avaient pour les biens de la terre, en leur inspirant l’amour des biens éternels. Il découvrit la beauté des trois vertus principales. Il ouvrit le ciel aux justes, et il y monta lui-même en plein jour, laissant sur la terre vingt-sept tomes de sa doctrine, propres à convertir le monde. Il institua le baptême pour laver les péchés, et se servit de la croix pour sauver tous les hommes, sans en excepter personne.

« Ses ministres laissent croître leur barbe, et se font une couronne à la tête. Ils ne se servent point de valets, mais ils se font égaux à tous, soit qu’ils se trouvent abattus par l’adversité, ou que la prospérité les élève. Au lieu d’amasser des richesses, ils partagent volontiers avec les autres le peu qu’ils possèdent. Ils jeûnent, et pour se mortifier, et pour garder la loi. Ils respectent leurs supérieurs. Ils estiment les gens de bien. Ils prient chaque jour sept fois pour les morts et pour les vivants. Ils offrent toutes les semaines le sacrifice, afin d’effacer leurs péchés, et de purifier leur cœur.

« Les rois qui ne suivent pas les maximes de cette sainte loi, ne sauraient, quelque chose qu’ils fassent, se rendre recommandables parmi les hommes. Sous le règne de Tai tsong, prince très sage et très estimé, Olopüen, parti de Judée, après avoir couru de grands dangers sur mer et sur terre, arriva enfin à la Chine, l’an de Notre Seigneur 636. L’empereur qui en fut averti, envoya son colao au-devant de lui, jusqu’au faubourg de la ville impériale, avec ordre de le conduire au palais. Quand il y fut, on examina sa loi, dont la vérité fut reconnue ; de sorte que l’empereur fit en sa faveur l’édit suivant.

« La véritable loi n’est attachée à aucun nom particulier, et les saints ne se fixent pas dans un lieu ; ils parcourent le monde, afin d’être utiles à tous. Un homme de Judée, d’une vertu singulière, est venu à notre cour : nous avons examiné sa doctrine avec beaucoup de soin, et nous l’avons trouvée admirable, sans aucun faste, et fondée sur l’opinion qui suppose la création du monde. Cette loi enseigne la voie du salut, et ne peut être que très utile à nos sujets. Ainsi je juge