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Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/103

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qui explique les principaux mystères de la religion chrétienne, et qui fait l’éloge de quelques empereurs, qui ont favorisé les ministres de l’Évangile. A l’un des côtés et au bas du marbre, on y trouve une longue inscription, partie en caractères syriaques ou chaldaïques, partie en caractères chinois.

La copie originale tirée de dessus le marbre fut envoyée à Rome, et se conserve dans la bibliothèque du collège de la compagnie de Jésus : une autre copie est dans les archives de la maison professe. Ceux qui seraient curieux de voir ce monument avec les mêmes caractères et tel qu’il a été copié sur la pierre de marbre, le trouveront dans le livre du père Kirker, intitulé, la Chine illustrée, avec une traduction littérale, et ensuite une plus ample interprétation que ce Père en a faite.

Le père Alvarez Semedo, qui a eu tout le loisir de considérer ce monument sur le lieu même, en a fait une traduction exacte qu’on trouve dans sa Relation imprimée en l’année 1667. C’est lui qui passant par Cochin, alla à Cranganor, où réside l’archevêque, et se fit donner l’explication des caractères syriaques par le père Antoine Fernandez, missionnaire fort versé dans la connaissance des livres de ces premiers chrétiens de S. Thomas ; je me contenterai d’en donner le précis qu’en a fait le père le Comte.

On voit sur ce monument en caractères syriaques les noms des missionnaires venus de la Judée à la Chine, pour y prêcher l’Évangile. Il y a parmi ces noms des évêques, des prêtres, et des diacres. M. l’abbé Renaudot, et M. Thévenot, gardes de la bibliothèque du roi, ont trouvé dans des manuscrits orientaux, et dans quelques livres arabes des preuves de cette entrée de prélats et de prêtres dans la Chine.

Aussitôt que les Chinois eurent bien lavé le marbre qu’ils venaient de déterrer, ils le regardèrent comme quelque chose de fort précieux, tant à cause de son antiquité, qu’à cause de la nouveauté des caractères qui leur étaient inconnus. C’est pourquoi ils allèrent en hâte faire leur rapport au gouverneur. Ce mandarin se transporta sur le lieu : et après avoir considéré ce monument avec la plus grande attention, il le fit placer sur un piédestal, et le fit couvrir d’un toit soutenu par des piliers, afin de le préserver des injures de l’air, et de mieux contenter la curiosité d’une infinité de gens de lettres, qui accouraient de toutes parts pour le voir : ensuite il le fit transporter dans un pagode éloigné d’un quart de lieue de la ville de Si ngan fou, où on le conserve avec grand soin.

Les bonzes, pour opposer un autre monument à celui qui était si glorieux à la religion chrétienne, ont élevé vis-à-vis une table de marbre toute pareille, où ils ont gravé les éloges de leurs fausses divinités. Voici en abrégé ce que contient le discours gravé sur le monument.

« Il y a un premier principe intelligent et spirituel, qui de rien a créé toutes choses, et qui est une substance en trois personnes. En produisant l’homme, il lui donna la justice originelle, il le fit roi de l’univers, et maître de ses passions ; mais le démon le fit succomber à la